Favoriser l’épanouissement des enfants (0-3 ans) de mères détenues de Bollé

Au Mali, il est fréquent que les femmes incarcérées accouchent ou viennent avec leurs enfants en prison. L’Etat malien autorise les mères à garder leurs enfants auprès d’eux jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 3 ans. Or l’Etat Malien ne dispose pas de budget spécifique pour la prise en charge de ces enfants pendant leur séjour en prison avec leur maman. Chaque année, près de 80 enfants passent par la crèche. C’est dans le souci de venir en aide à ces enfants et pour assurer leur développement harmonieux que l’ex-Association Balemaya France et l’administration pénitentiaire malienne ont pris l’initiative de créer une crèche au sein de la maison d’arrêt pour femme de Bollé en 1999. Suite au départ de Balemaya, ses anciens employés ont créé en 2002 Maya-Ton afin de poursuivre et pérenniser les actions en faveur des enfants des femmes incarcérées.

Evaluation des besoins

Les enfants des mères détenues sont extrêmement vulnérables du fait de la situation particulière de leur mère ainsi que de l’environnement cloisonné et inadapté dans lequel ils évoluent. Bien que le texte fixant les modalités d’application de la loi portant régime pénitentiaire reconnait que les enfants peuvent être laissés auprès de leur mère en détention jusqu’à l’âge de 36 mois. L’Etat n’affecte aucun budget à la prise en charge de ces enfants pour lesquels il est fondamental d’assurer le bien-être physique, mental et psychologique.

Des échanges fréquents entre les différents partenaires, les responsables de Maya –Ton et les responsables du centre pénitentiaire ainsi que de nombreuses visites terrain ont permis d’évaluer les besoins auquel le présent projet entend répondre. Ces besoins ont été identifiés dans différents domaines de différents ordres :

– Nutrition : Les enfants qui accompagnent leurs mères en milieu carcéral sont les plus touchés sur le plan nutritionnel. Généralement issues de familles très pauvres ces femmes n’ont aucune ressource financière pour s’occuper de leurs enfants. Les repas des mères ne répondent pas aux besoins nutritionnels de leurs enfants.
– Santé : L’administration pénitentiaire, faute de moyens financier et humain, n’a pas les capacités de répondre de façon adéquat aux besoins en suivi et prise en charge sanitaire des enfants, tant sur le plan préventif (suivi vaccinal, observation) que curatif (soins pédiatriques). Certains enfants peuvent développer une maladie héréditaire ou souffrir d’une pathologie grave (référence /évacuation).
– Relation mère/enfant : Le lien entre la mère et son enfant n’est pas toujours établi de la meilleure des façons car la tentative d’abandon voire d’infanticide constitue un motif d’incarcération pour beaucoup de femmes détenues. Ces femmes sont généralement des aide-ménagères qui se retrouvent en état de grossesse non désirée. Ne pouvant retourner dans leur famille d’origine au village, l’enfant n’étant pas reconnu ce que la coutume réprouve durement, elles abandonnent ou tuent l’enfant. Il est donc indispensable d’accompagner ces mères à créer un lien avec leur enfant tant sur le plan affectif que matériel.
– Education/Eveil : En milieu carcéral, les enfants de mères détenues peuvent rester très renfermés et ont des risques de ne pas se développer correctement sur les plans physique, cognitif, social et affectif. Les enfants ont besoin de stimulation afin d’apprendre, se socialiser et devenir autonome. Ils ont également besoin de connaître un autre environnement que celui du centre de détention.
– Assistance psychologique des mères : La prison étant un lieu de privation de libertés, les mères sont toujours en état de stress et même découragées dans la vie. Elles ont besoin d’une assistance psychologique et sociale à leur arrivée, pendant leur séjour et aussi au moment de leur libération pour qu’elles puissent s’occuper au mieux de leurs enfants. Comme citer plus haut, beaucoup de femmes incarcérées pour cas d’infanticides ou abandon d’enfants ont besoin d’assistance psycho social.
– Renforcement des capacités organisationnelles et opérationnelles de l’équipe de Maya-Ton :
Toujours dans le but de renforcer les capacités de Maya -Ton, l’association a un besoin d’appui en recherche de fonds et en gestion comptable et financière, aussi que d’un renforcement de
capacités opérationnelles (formations des monitrices). Le recrutement d’un assistant administratif et financier est également nécessaire pour la bonne gestion de l’association et de ses actions.

les objectifs du projet

– Contribuer à l’amélioration de la santé et de la nutrition des enfants
– Contribuer à l’éducation des enfants par des activités d’éveil et d’apprentissage
– Soutenir les mères détenues pour une bonne prise en charge sanitaire et éducative
de leurs enfants
– Renforcer les capacités opérationnelles de Maya –Ton

L’ONG Maya-ton est restée fidèle à sa vocation. Elle favorise l’épanouissement des enfants des prisonnières. Ils ne doivent pas subir les rigueurs de la prison. Une crèche accueille les enfants. Les mamans sont à l’aise de suivre les activités de formation pour la réinsertion post carcérale. Le coordinateur des programmes de Maya-ton, Moussa Bagayoko, explique que l’O.N.G Maya-Ton assure le fonctionnement de la crèche et contribue au développement physique, psychologique des enfants. Elle apporte un soutien moral aux mères à travers plusieurs activités, notamment, l’apport en complément nutritionnel aux enfants 7 jours sur 7. Ce programme est confié à une aide monitrice. Le suivi sanitaire préventif et curatif des enfants pendant tout leur séjour est assuré par un infirmier permanent et un médecin généraliste.

Cette équipe consulte une fois par semaine. Elle prend en charge les soins médicaux des enfants sur place. La garde des enfants, l’organisation des activités d’éveil, d’éducation et d’apprentissage est le domaine d’une monitrice. L’environnement est sain et sécurisé à Bollé. Des visites à l’extérieur de la prison sont organisées dans les familles qui acceptent et dans d’autres structures d’accueil des enfants. Les mères reçoivent une dotation en matériel d’hygiène (savon) une fois par semaine. L’appui psycho social des mamans est assuré par un psychologue. A ce jour, 15 enfants vivent en compagnie de leurs mamans détenues.